Zone de Bitkine, village : Kourgoutou à 30 km au sud de BitkineInterview à ASSI, membre de la Banque de Céréales
Y a-t-il une différence entre la vie d'avant la mise en place des Banques de Céréales et celle d'après l’avènement des Banques de Céréales dans votre village Kourgoutou ?
Avant les Banques de Céréales, notre village vivait sous la domination des usuriers (arabes) pendant la période de soudure. Les Arabes prêtent une somme de mille francs (1000 F) au moment de la soudure (juillet- Août) contre un (1) sac de mil de 100 kg au moment de la récolte. Il y a des gens qui quittent le le village pour aller chercher des prêts d'argent ou de mil dans d'autres villages ou pour labourer chez les riches contre une modique somme d'argent. D'ailleurs, pour avoir contracté un prêt, il faut travailler dans le champ du riche pendant deux jours ou bien déposer une caution (quelques matériels) comme garantie. Ce qui est choquant c'est que l'arabe confie ses sacs de mil aux villageois qui les lui gardent dans leur magasin. Au cas où l'emprunteur n'arrive pas à rembourser au moment de la récolte, l'arabe attend au moment où le prix est élevé pour demander le remboursement et puisque l'emprunteur ne peut pas rembourser, il lui impose le prix du marché. Parfois pour 1 seul sac de mil par exemple la personne rembourse deux à trois sacs à la prochaine récolte. Finalement la plupart des villageois ne travaillent que pour les Arabes. Dans cette situation catastrophique, la plupart des paysans vivent constamment dans la famine. Les denrées alimentaires sont rares sur les marchés. Il y a même des gens qui quittent le village pour d'autres d'autres villages éloignés. Notre village était grand mais, cette situation a fait que beaucoup sont partis à N’Djamena ou dans les grandes villes. Les paysans n'arrivent pas à payer la scolarité de leurs enfants, leurs vêtements et les frais d'école. Nous nous habillons très mal. Le village vivait dans une extrême pauvreté.
Mais, après la mise en place des Banques des Céréales ?
Avec l'arrivée des BC, nous nous sommes organisés en 2006 en groupe de 86 personnes pour cotiser chacun 5 coros (soit 12,5 kg) pour avoir 10 sacs et 30 coros de mil pour constituer la banque des Céréales. Après cela, nous avons reçu une aide de 500 000f pour acheter 40 sacs. Ce qui fait au total dans notre grenier 50 sacs et 30 coros. Ce mil a été distribué au moment de la soudure (Juillet-Août) en deux phases. La 1ère phase pour le semis ( 5 coros chacun) et la 2ème phase au mois d'Août pour la soudure ( 46 kg, soit ½ sac). Ce mil a été remboursé avec un intérêt de 25%, soit 10 coros de plus par sac. Quand les autres villageois ont vu un changement au sein de nos foyers, il y a eu des adhésions. Actuellement c'est tout le village qui est membre:114 ménages avec 606 bénéficiaires et une quantité de 110 sacs de 100 kg. La Banque des Céréales a fortement diminué les mauvaises pratiques ( 1000 F contre un sac, s'endetter auprès des autres ou bien labourer chez les riches...). Les arabes ne viennent plus nous déranger, ils n'ont plus de champs faute de main d’œuvre. Nous nous habillons bien et notre alimentation est variée. Nos champs ont augmenté de superficie : la récolte est meilleure. Nos enfants vont enfin à l'école. Nous payons sans difficultés les maîtres communautaires et les frais de scolarité.
Il faut noter que les BdC ont contribué à la création des autres activités génératrices des revenus (jardins, vergers, cultures maraîchères...). De plus, l'existence des Banques des Céréales dans le village a favorisé la cohésion sociale, la solidarité et l'assistance aux démunis. Le village a attiré d'autres personnes et les BdC ont aussi favorisé le retour des déplacés et les relations avec d'autres villages, surtout lors des formations, des rencontres et la création de la fédération des BdC du Guéra. L'exode rural a diminué. Les jeunes restent dans le village pendant la saison sèche. Les semences sont disponibles. Nous avons retrouvé la liberté. Nous parlons aux usuriers (arabes) sans crainte. Il y a plus d’honnêteté. Les femmes sont mieux habillées. Les produits alimentaires sont abondants au niveau des marchés. Cela a beaucoup diminué les prix sur les marchés. Il faut dire qu'avec les BdC, nous avons amorcé le développement de notre village
Y a-t-il une différence entre la vie d'avant la mise en place des Banques de Céréales et celle d'après l’avènement des Banques de Céréales dans votre village Kourgoutou ?
Avant les Banques de Céréales, notre village vivait sous la domination des usuriers (arabes) pendant la période de soudure. Les Arabes prêtent une somme de mille francs (1000 F) au moment de la soudure (juillet- Août) contre un (1) sac de mil de 100 kg au moment de la récolte. Il y a des gens qui quittent le le village pour aller chercher des prêts d'argent ou de mil dans d'autres villages ou pour labourer chez les riches contre une modique somme d'argent. D'ailleurs, pour avoir contracté un prêt, il faut travailler dans le champ du riche pendant deux jours ou bien déposer une caution (quelques matériels) comme garantie. Ce qui est choquant c'est que l'arabe confie ses sacs de mil aux villageois qui les lui gardent dans leur magasin. Au cas où l'emprunteur n'arrive pas à rembourser au moment de la récolte, l'arabe attend au moment où le prix est élevé pour demander le remboursement et puisque l'emprunteur ne peut pas rembourser, il lui impose le prix du marché. Parfois pour 1 seul sac de mil par exemple la personne rembourse deux à trois sacs à la prochaine récolte. Finalement la plupart des villageois ne travaillent que pour les Arabes. Dans cette situation catastrophique, la plupart des paysans vivent constamment dans la famine. Les denrées alimentaires sont rares sur les marchés. Il y a même des gens qui quittent le village pour d'autres d'autres villages éloignés. Notre village était grand mais, cette situation a fait que beaucoup sont partis à N’Djamena ou dans les grandes villes. Les paysans n'arrivent pas à payer la scolarité de leurs enfants, leurs vêtements et les frais d'école. Nous nous habillons très mal. Le village vivait dans une extrême pauvreté.
Mais, après la mise en place des Banques des Céréales ?
Avec l'arrivée des BC, nous nous sommes organisés en 2006 en groupe de 86 personnes pour cotiser chacun 5 coros (soit 12,5 kg) pour avoir 10 sacs et 30 coros de mil pour constituer la banque des Céréales. Après cela, nous avons reçu une aide de 500 000f pour acheter 40 sacs. Ce qui fait au total dans notre grenier 50 sacs et 30 coros. Ce mil a été distribué au moment de la soudure (Juillet-Août) en deux phases. La 1ère phase pour le semis ( 5 coros chacun) et la 2ème phase au mois d'Août pour la soudure ( 46 kg, soit ½ sac). Ce mil a été remboursé avec un intérêt de 25%, soit 10 coros de plus par sac. Quand les autres villageois ont vu un changement au sein de nos foyers, il y a eu des adhésions. Actuellement c'est tout le village qui est membre:114 ménages avec 606 bénéficiaires et une quantité de 110 sacs de 100 kg. La Banque des Céréales a fortement diminué les mauvaises pratiques ( 1000 F contre un sac, s'endetter auprès des autres ou bien labourer chez les riches...). Les arabes ne viennent plus nous déranger, ils n'ont plus de champs faute de main d’œuvre. Nous nous habillons bien et notre alimentation est variée. Nos champs ont augmenté de superficie : la récolte est meilleure. Nos enfants vont enfin à l'école. Nous payons sans difficultés les maîtres communautaires et les frais de scolarité.
Il faut noter que les BdC ont contribué à la création des autres activités génératrices des revenus (jardins, vergers, cultures maraîchères...). De plus, l'existence des Banques des Céréales dans le village a favorisé la cohésion sociale, la solidarité et l'assistance aux démunis. Le village a attiré d'autres personnes et les BdC ont aussi favorisé le retour des déplacés et les relations avec d'autres villages, surtout lors des formations, des rencontres et la création de la fédération des BdC du Guéra. L'exode rural a diminué. Les jeunes restent dans le village pendant la saison sèche. Les semences sont disponibles. Nous avons retrouvé la liberté. Nous parlons aux usuriers (arabes) sans crainte. Il y a plus d’honnêteté. Les femmes sont mieux habillées. Les produits alimentaires sont abondants au niveau des marchés. Cela a beaucoup diminué les prix sur les marchés. Il faut dire qu'avec les BdC, nous avons amorcé le développement de notre village